L’inscription « pédophile » taguée sur la façade d’une maison à Volstroff en mars dernier avait provoqué beaucoup d’interrogations. Un habitant de la commune était soupçonné. Mais il vient d’être relaxé par le Tribunal.
Le 28 mars dernier, au petit matin, les occupants d’une maison à Volstroff ont découvert avec effroi un tag diffamant laissé sur leur façade. On pouvait y lire : « Danger, pédophile ». Ils ont déposé plainte dans la foulée (RL du 4 avril). Une enquête a été ouverte. Celle-ci a débouché sur la convocation devant le Tribunal Correctionnel de Thionville d’un autre habitant de la commune. Poursuivi pour dégradation par inscription, il a finalement été relaxé, faute d’éléments probants dans ce dossier que son avocate thionvilloise estime bâclé.
Selon le trentenaire soupçonné, père de famille, il faut remonter dans le temps pour trouver l’origine de ses ennuis.
« En septembre 2016, il y a eu une altercation », raconte Alexandre. La dispute concernait les enfants de sa compagne et des occupants de la maison taguée par la suite.
« Quand la façade a été dégradée, les gendarmes sont venus nous voir. Ils ont débarqué comme des cow-boys ».
Alexandre et sa compagne ont été convoqués à la brigade.
Leur domicile a été perquisitionné. La bombe de peinture n’a jamais été retrouvée. Et ils ont toujours nié être à l’origine de l’odieuse inscription. Toutefois, le couple s’est plié à une analyse graphologique ordonnée par le parquet de Thionville.
Graphologue nuancé
Dans son rapport le graphologue indique que « les concordances scripturales de formes et de caractéristiques trahissent sans conteste la main d’Alexandre ». Mais le professionnel nuance son propos en conclusion : il précise en effet qu’il ne s’agit là que d’une étude simplifiée. Et cela n’a pas échappé à l’avocate de la défense, Me Charou Anandappane. « Il manque une analyse approfondie. On ne s’est pas basé sur l’écriture spontanée avec des écrits déjà existants », relève l’avocate. « Et pourquoi n’a-t-on pas étendu l’expertise au voisinage ? Comment comparer des inscriptions faites au stylo-bille et à la bombe ? », s’interroge-t-elle.
Un autre élément l’interpelle : « la maison taguée était alors habitée par une dame qui travaillait au contact d’enfants. Pourquoi les enquêteurs se sont-ils uniquement focalisés sur mon client sans se diriger vers les parents qu’elle pouvait côtoyer ? », poursuit Me Anandappane. Elle dénonce des auditions parcellaires, des recherches approximatives. « C‘est quand même grave et non sans conséquence d’inscrire « Pédophile » sur la façade d’une maison, insiste-t-elle ? ».
« Ça a été trop loin ».
Ses arguments ont visiblement été entendus par le Juge qui présidait l’audience. Le ministère public avait requis 1 000 Euros d’amende avec sursis à l’encontre de l’habitant poursuivi, qui n’avait encore jamais eu affaire à la justice. Il n’a pas été reconnu coupable mais il ne paraît pas soulagé pour autant. « Pour moi, la relaxe ne lave pas de tout soupçon », déplore-t-il à tort. « Tout cela a été trop loin. Volstroff est une petite commune, ce n’est pas facile à vivre. » Sa famille n’entend pas déménager, ni se taire. « C’est celui qui a tagué la maison qui doit partir », s’emporte-t-il.
L’inscription diffamante a été vite effacée. Mais dans cette affaire, ils sont finalement plusieurs à avoir été salis.
Frédérique THISSE